Le 23 septembre, nous disons au revoir à Thupten
qui part de son côté pour retourner à Pokhara par le Jalja La
puis nous quittons Dhorpatan!
Nous allons vers le nord, pour contourner la chaîne du Daulaghiri sur son flan ouest. Dès le premier jour, il nous faut franchir un col à plus de 4000m et c’est l’incident qui aurait pu tourner mal : Monique glisse en traversant un torrent et se fait très mal à la jambe. Rien de cassé, elle se remet debout mais ne peut marcher et va devoir faire les ¾ de la suite trajet à cheval.
Il pleut tous les après-midi et toutes les nuits pendant les 4 premiers jours, le sol est détrempé et il nous faut passer encore 2 cols à 4100 et 4500m avant de laisser les nuages derrière nous et arriver enfin dans le Dolpo.
Encore 2 jours et demi, et nous voici à Kagkot, le 30 septembre.
Est-ce qu’on sait qu’on arrive ? Nous n’avons rencontré personne sur le chemin jusqu’aux premiers chortens du village.
Et là, d’un seul coup, tout le village est là, les hommes à gauche, les femmes à droite,tout à la main :Fleurs, kagtags (écharpes) et vases de tchang (bière locale) et rakshi (alcool de grain tout aussi local) ! Un jeune homme s’avance, c’est Kunga, le nouveau professeur de tibétain originaire de la vallée de la Tarap.
Certaines d’entre nous ont du mal à contenir leur émotion devant cet accueil plus improvisé mais tout aussi chaleureux que la dernière fois !
Puis nous allons en procession jusqu’à l’école
où les enfants nous attendent,
bien alignés devant le nouveau
bâtiment scolaire.
Une réunion avec le comité de l’école est organisée des le lendemain.
Fonctionnement de l’école
Tenzin Norge Primary School
Mukot-3, Kagkot
61 élèves : 24 filles, 37 garçons (62 en 2010)
Nursery : 16,Low Kinder garden : 15, uper kinder garden : 17
Classe I : 9 Classe II : 4 (Il y avait 5 élèves l’an passé en classe II, mais un garçon originaire de Mukhot est parti au monastère local pour y devenir moine)
Origines des élèves extérieurs à Kagkot :
Pimri : 7; Seri : 3 ;Terengaon : 3 ;Mukhot : 3
Et 3 enfants venant de villages en aval de la vallée ne faisant pas partie du même district.
Enseignants :
Directeur : Gokarna Paudel
Bishnu Adhikari (absent pour cause de maladie, nous n’avons pu le voir car il était en soins à Nepalgang. Il devait rentrer après notre départ)
Le gouvernement népalais a supprimé le 3ème poste occupé l’an passé par Mrs Dhana Laxmi
Les deux autres professeurs sont rémunérés par l’Arche de Dolanji :
Sunita Moktan (notre coordinatrice)
Kunga Samdup : 20ans, nouvel enseignant de tibétain venant de la Tarap
Il faut ajouter le cuisinier, Tolman Tamang, qui donne aussi des coups de main à l’école (rôle de surveillant)
Le comité de l’école se compose du chairman
( maire) , chargé de la construction de l’internat ; de Tsewang Gurung, de
Serrang Gurung, responsable de l’école et de Phurbu Dumdup, « social worker »
L’école fonctionne du 15 mars jusqu’au début novembre, de 9h à 16h avec une pause à midi. Un mois d’arrêt en juin pour la collecte du yarsagumbo (champignon trés prisé dans la pharmacopée chinoise et donc vendu cher par les montagnards qui le récoltent)
Pas de vacances pour Daisen en octobre (à part 2 jours de fête)
Le bâtiment scolaire comprend 5 salles. Les classes I et II sont regroupées dans la même salle, une salle reste vacante pour le moment. Les professeurs disposent des anciens bâtiments où ils ont leurs chambres, un bureau où sont rangées les fournitures.Ils disposent également de la cuisine et de deux toilettes. Ils ont aménagé une petite bibliothèque pour les enfants. Les toilettes (payées par le gouvernement) pour les élèves sont en cours de construction mais ne sont pas encore terminées.
Sunita dans sa classe
Kunga Samdup et sa classe.
Chants devant l’école
Les besoins :
- Equiper la classe III (4 élèves)
- Remplacer les cartables achetés il y a 2 ans et qui en ont bien besoin
- Acheter des jeux éducatifs pour la maternelle et des livres pour la bibliothèque
- Des uniformes (de type tibétain comme à Dhorpatan ?)
- Bien sûr, ils aimeraient un professeur de plus, mais le gouvernement devrait recréer un poste ( à vérifier dans le temps!)
Découverte des photos prise lors de notre dernier passage .
Notre bonne impression générale de l’école, se confirmera les jours suivants. L’équipe enseignante travaille dans de bonnes conditions, il y règne une très bonne ambiance, les enfants sont studieux, les classes vivantes, bien décorées, l’atmosphère est familiale, chaleureuse.
Sunita a appris à ses élèves des danses népalaises. L’an dernier, elle a fait le tour des villages pour les produire et récolter de l’argent qui lui a permis d’acheter une installation solaire assez puissante pour alimenter son ordinateur, une imprimante, une sono.Ell a cependant dû demander 200€ au comité de village pour payer les frais de transport de son installation.
Le directeur aussi a fait le tour des villages mais, lui, pour inciter les habitants à envoyer leurs enfants à l’école.
L’internat
A notre grande surprise et déception, la construction de l’internat n’a pas commencé cette année.sous divers prétextes ! Donc on verra au printemps prochain…Un architecte de Khatmandu a pourtant fait les plans, prévoyant que 30 internes seraient répartis en 2 dortoirs (garçons et filles), 2 salles d’études, un réfectoire, des toilettes et une salle de bain.
En réalité, les gens de Kagkot on tendance à penser que cet internat devrait être réservé à leurs propres enfants (demande qui nous a sidérés !)
Les habitants des autres villages ont bien collecté des pierres, mais il n’y en aurait pas assez, et on ne voit pas de réserves de bois. Il y a des malentendus entre les villages : à Garengaon, les habitants ont cru que les pierres qu’ils avaient apportées l’an passé devait servir à l’internat alors qu’elles ont été utilisées pour la nouvelle école. Ils pensent donc avoir été trompés.
Les villageois de Kagkot ont aussi un autre projet immédiat qui les mobilisent :
Celui de déplacer leur village, blotti au chaud contre la falaise mais gravement menacé par des chutes de pierres. Un « lotissement » est déjà préparé vers le gompa, dans la partie plate après l’école, avec réservoir d’eau et amenée de l’eau jusqu’à une série de fontaines bien réparties dans le futur village. Des tas de pierres sont assemblées pour la construction des maisons. Une ONG basque espagnole envisagerait de fournir les maisons en équipement photo voltaïques.
Nous insistons pour que la construction démarre au plus tôt et pour les enfants des villages éloignés. C’est ce que nous redirons partout ainsi qu’à Tsewang Tenzin (chairman du district) rencontré à Dunaï (il n’avait pas été informé du versement de l’argent). Nous avons compris que les fonds d’Ecoliers du Monde et les nôtres se trouvent dans une banque à Dunaï et que l’argent sera débloqué au fur et à mesure des besoins de la construction. Nous voulons que cet argent serve et ne reste pas en banque ! Si la construction démarre en février/mars, elle pourrait être terminée en 2 mois. Resterait l’aménagement intérieur pour lequel on nous dit qu’il manque de l’argent, notamment pour la salle de bain qu’ils voudraient moderne. (comme en ville!)
Maison de Kagkot au pied de la falaise.
Besoins en personnel :
Il nous est demandé de prévoir un cuisinier et un aide cuisinier,
2 « ayas » (aide maternelles) employées pour s’occuper des enfants, de leurs toilettes et de leurs lessives,
Un surveillant,
Un agent de santé qui pourrait aussi s’occuper des villageois.
Les familles fourniraient matelas, couvertures, vêtements et provisions (farine, beurre) mais il faudrait prévoir un complément pour la nourriture.
On nous demande aussi un équipement électrique solaire (à voir avec l’association basque ?).
Sunita devrait pouvoir nous établir des budgets prévisionnels séparés pour l’école et l’internat.
Nous avons proposé à Tolman, moyennant une augmentation de son salaire, de faire la cuisine pour tout le monde (professeurs et élèves) avec l’assistance d’un aide-cuisinier.
Une aya pourrait aussi suffire au début et l’équipe enseignante se relayer pour surveiller les pensionnaires ?
L’agent de santé serait bien nécessaire : certains enfants sont couverts de croûtes purulentes, le directeur a quelques médicaments à donner mais il n’est guère compétant et les mesures d’hygiène élémentaires ont bien du mal à être respectées.
( beaucoup de besoins de santé,l’espérance de vie dans ces régions est trés basse, un peu plus de 40 ans.)
Les autres villages :
Ils se trouvent tous à environ 4000m sauf Terengaon,qui est un peu plus bas, et nous les avons tous visités, en faisant des réunions avec les responsables pour discuter du projet d’internat.
famille de Pimri
Pimri
31 maisons, réparties en 2 hameaux et environ 170 habitants. 7 enfants sont scolarisés à Kagkot, hébergés dans de la famille. Ces hébergements semblent tous être assez problématiques, les enfants livrés à eux-mêmes. Si l’internat fonctionne ils pourraient envoyer une quinzaine d’enfants entre 8 et 13 ans.
Il existe un bâtiment scolaire (nous ne l’avons pas vu en faisant le tour du village !) mais trop vieux et le gouvernement paie 2 professeurs qui sont venus travailler 2 mois en faisant la classe, dans une cour pleine de crottes de chèvre, à 25 élèves. Les villageois souhaiteraient la construction d’une école ici avec un professeur, comme à Garengaon, pour scolariser les plus jeunes.
Garengaon , 14 maisons.
L’école y est faite par
Dawa, 20 ans, qui à été recruté par Kedar et payé par l’association , le Chant des Pistes.Il y enseigne à 13 élèves : Nursery : 7 dont 1 garçon et KG : 6 dont 1 garçon.
Les garçons sont ensuite envoyés dans des monastères au Mustang ou à Kathmandu…
Les 3 fillettes ont 11, 13 et14 ans.
Il y a deux classes meublées avec des bancs et des tables récents
(les copeaux sont encore dans la cour) mais il a manqué des clous pour faire une armoire pour le matériel.
L’école fonctionne de 10h à 16h avec une coupure d’une heure à midi. Les élèves ne sont pas très assidus et Kunga devant tout assurer seul ne parvient pas à enseigner le tibétain comme il serait censé le faire. Les deux professeurs salariés par le gouvernement ont déserté : l’un d’eux ne s’est pas présenté, l’autre est resté 3 jours…Dawa est ici depuis le mois de juin et loge chez l’habitant. On le sent un peu triste d’être ici seul alors qu’il y a une bonne équipe à Kagkot où il préfèrerait rester. Pas sûr qu’il reste l’an prochain…
Les gens d’ici sont en colère contre ceux de Kagkot qui n’ont pas construit l’internat mais nous leur faisons remarquer qu’il faut d’abord une école qui marche, avec des professeurs qui restent parce que logés décemment et avec de bonnes conditions de travail avant de pouvoir envoyer des élèves en internat. Ils pourraient alors envoyer une 10ne d’élèves.
Le chairman, Choïkap Gurung, est un homme cultivé, ancien professeur lui-même. Il donnait l’an passé des cours d’alphabétisation aux adultes mais il a arrêté. Il est responsable du bureau de poste mais il n’a ni timbres ni matériel…
Les demandes :
Une 3ème classe
Un professeur de tibétain
De l’électricité solaire pour l’école, le monastère (un minuscule temple abritant un moulin à prières), le bureau de poste, le bureau du VDC et les 14 maisons du village…
Seri
9 maisons et moins de cent abitants. C’est d’ici que vient le jeune nouveau Guru Rimpoché intronisé cette année dans la vallée de la Tarap. Les murs à mani » murs rassemblant de pierres offertes portant chacune gravée le mantra (incantation /instrument de pensée) : Om mani Padme hum. (joyau fleur du lotus) » ! et les chortens (monuments symbolisant la liberation finale du Bouddha, qui sont souvent des reliquaires) sont mieux entretenus qu’ailleurs.
dans le fond, un chorten
Le chairman est Dorge Lama.
3 enfants sont scolarisés à Kagkot actuellement mais ils pourraient être 8 ou 10 si l’internat fonctionnait, et gratuitement.
Lors de notre passage, la moisson
commençait juste alors qu’elles étaient
finies à Garengaon.
A Terengaon
Villageois de Terengaon filant de la laine
Il y a 23 maisons et plus de 100 habitants.
Un bâtiment scolaire assez grand, construit il y a 5 ans par le gouvernement est désaffecté, sans mobilier ni hébergement possible (il n’y a pas de point d’eau à proximité). Une des 2 professeurs du gouvernement est passée, moins de 15 jours, elle a pris ses repas chez les gens mais ne les a pas payés ! L’autre n’est même pas venu. 3 enfants d’ici sont scolarisés à Kagkot, 5 garçons ont été envoyés dans des monastères au Mustang, à Pokhara ou à Kathmandu. Une 10ne d’enfants pourraient aller à l’internat de Kagkot.
Mukhot
Le plus gros village de la vallée après Kagkot, avec 34 maisons et environ 160 habitants. Tout au fond d’une vallée affluente de la Barbung, un col à 5000m le fait communiquer avec le Mustang.
Le chairman est Norbu Gurung, il y a environ 30 enfants d’âge scolaire : 6 ont été envoyés dans des monastères, 2 en Inde, 3 à Kathmandu, 1 au Mustang. Un enfant est à l’école de Garengaon, logé chez ses grands parents. Un petit garçon de 10 ans, scolarisé à Kagkot, est maintenant au gompa (monastère) pour devenir moine. Des 4 fillettes inscrites l’an passé à Kagkot, il n’en reste aucune, elles sont parties d’elle même car les professeurs ne parlaient pas tibétain (Kunga n’était pas encore arrivé).
Le gouvernement a promis de l’argent pour la construction d’une école (le bâtiment d’ici est minuscule et sombre) avec une chambre pour les enseignants ; Mais les 2 professeurs payés cette année par le gouvernement n’ont fait ici qu’un petit tour, comme d’autres ailleurs. Ils ne parlaient pas non plus tibétain.
Les familles sont prêtes à envoyer une vingtaine d’enfants a l’internat.
Dans tous les villages, on nous a assuré être d’accord pour aider à la construction (collecte de pierres) fournir matelas, couverture, vêtements et nourriture pour l’enfant, mais tous refusent de payer en espèce même si on peu penser qu’ils en disposent !
Il y a aussi un gros problème avec les professeurs du gouvernement : comment sont-ils recrutés ? Pourquoi les paie-t-on pendant 13 mois par an alors qu’ils ne font souvent même pas tous une apparition sur leur lieu d’affectation ? Pourquoi ne se préoccupe-t-on pas de leur fournir un logement décent ? L’inspecteur local (education officer) semble se ne pas se préocuper de tout ça…Il n’était pas à Dunaï lors de notre retour et nous n’avons donc pas pu avoir de contact avec lui.
Enfin, il semble aussi exister pas mal de querelles de clocher (pardon, gong ) entre les différents villages, et même entre les habitants d’un même village, chacun essayant de tirer la couverture à soi.
D’après ces visites et entretiens, ce sont 65 enfants qui pourraient descendre à l’internat, prévu pour 30 (et en excluant les enfants de Kagkot qui ont leur famille sur place !).
Mais reste à voir ce qu’il en sera réellement, les familles ne sont pas si désireuses de se priver des enfants (surtout des filles) assez grands pour aider aux travaux de la maison ou des champs et garder le bétail. C’est surtout une maternelle dans leur propre village qui les intéresse, ils ne veulent pas se séparer des enfants trop jeunes.
femme de Mukhot allumant le feu chez elle.
En conclusion :
Nous avons eu une très bonne impression sur le fonctionnement de l’école de Kagkot, mais grosses difficultés pour la réalisation de l’internat et son futur fonctionnement. Sunita et Kunga pourront relayer les informations, le directeur est bien sur la même longueur d’ondes que nous mais il n’a pas d’adresse mail. On peut aussi compter sur le chairman du comité, Tsewang Gurung.
A DunaïTsewang Tenzin est déconnecté des réalités du district dont il a la charge mais il nous a écoutés.
moisson à Pimri