Visite des autres villages

3 Seri village Mukot VDC

Pimri

Il nous faut 4h et demi pour rejoindre ce petit village, à 4000m d’altitude après une rude montée. Le paysage, comme l’altitude, est à couper le souffle ! Les maisons font face à la vallée, tout en bas, et à la chaîne du Daulaghiri.

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Dans les champs en terrasse, les paysans ont commencé les labours et les semis (orge et pommes de terre). Dans la cour où on nous a installés pour déjeuner, le vent et la poussière sont au menu. Les villageois sont ici tous de type tibétain, et nous ne pouvons échapper à la dégustation de thé et de tsampa (farine d’orge grillé servie telle quelle à la cuiller). Ici vivent 30 familles, qui nous paraissent vivre dans des conditions extrêmement rudimentaires. Après discussion avec eux, il est décidé que 3 enfants iront à l’école de Kagkot dès à présent et logeront dans le village, où ils ont de la famille. Parmi eux un petit garçon que nous rencontrerons puis loin sur le chemin, en train de garder les chèvres. Pour nous remercier de notre visite, on nous offre des katas et des œufs durs.

 

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Garengaon

Deux heures plus tard, poussées par le vent sur un superbe sentier en balcon, nous rejoignons un autre village où le campement est installé dans la cour d’une école, juste avant la pluie. Nous sommes à 3900m. Ici, l’école ne fonctionne plus depuis que l’ancien instituteur, Tsoikyap Gurung1, a pris sa retraite. C’est le responsable du village et il donne le soir, bénévolement, des cours d’alphabétisation (en népalais) à 28 adultes, 16 femmes et 12 hommes. Il rêve de développer ici une école qui pourrait aller jusqu’à la classe 5. Kedar lui suggère de commencer par la nursery et les petites classes, en regroupant les villages de Seri (à 1 heure de marche, un peu plus haut) et de Tereng (2h plus bas). C’est un projet qui intéresse une autre association, présidée par un français, Christophe Charpentier, avec lequel Kedar est aussi en relation. En attendant, deux enfants d’ici et deux de Seri sont scolarisés à Kagkot.

Faute de temps, nous n’irons pas à Seri et à Tereng.

Au moment de notre départ, le lendemain, le chef du village nous offre évidemment du thé et des katas et même, en signe de bon augure, il pose délicatement sur nos cheveux une noisette de beurre rance !

 

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Mukot

Après être redescendues dans la vallée, à 3400m, et avoir traversé pieds nus les eaux glacées de la Barbung, il nous faut remonter à 4000m, en suivant une vallée adjacente. Là aussi, le décor est somptueux car nous sommes au cœur de la chaîne du Daulaghiri, au pied des glaciers. Mukot est un gros village étagé sur presque 200m de dénivelé. Ici, comme à Pimri, les enfants ont peur de nous, ils n’ont pas l’habitude de voir des étrangers, ils s’enfuient et se cachent à notre approche

Il y a eu une sombre histoire de bagarre entre hommes, probablement bien imbibés de tchang, la bière locale et de raksi, alcool provenant de la distillation de cette bière. Une douzaine d’hommes de Kagkot ont été appelés pour régler le différent (indemnisation des blessés). Ici, la police et la justice officielles n’arrivent pas. Nous retrouvons donc nos cavaliers qui nous proposent spontanément leurs chevaux pour le retour : ils nous attendront patiemment, car vue la beauté de l’endroit, nous avons décidé d’y passer une journée.

Le lendemain, tout est recouvert au-dessus du village d’une fine couche de neige tombée la nuit et qui va fondre au soleil du jour. Lakpa, notre guide, nous propose une petite randonnée matinale sur les hauteurs (à 4700m quand même !) d’où nous pouvons profiter du panorama. L’après-midi, nous visitons le bâtiment baptisé école, construit par les villageois eux-mêmes mais complètement inutilisable : les salles sont si petites et si sombres qu’il est impossible de pouvoir y travailler. Pourtant, les habitants, qui ont reçu une petite subvention de l’état, sont en train de retaper les murs et le toit. Kedar les dissuade de continuer ce travail inutile et leur conseille de tout démolir, de stocker les pierres et le bois pour une construction future plus adaptée. En attendant, ils peuvent aussi envoyer des enfants à Kagkot. Dès le lendemain, et alors que nous sommes déjà en chemin sous la neige, à 7 heures du matin, des familles viennent inscrire 4 enfants qui rejoindront l’école de Kagkot les jours d’après. Les cavaliers nous rejoignent dans la descente et nous apprécions bien de faire à cheval le long trajet du retour, contre le vent et en longeant la rivière, en la traversant plusieurs fois d’ailleurs.

 

À notre retour à Kagkot, les 3 enfants de Pimri sont à l’école, des toilettes ont été construites, mais à un détail près de pente d’évacuation, pas encore utilisable. N’empêche, la motivation et l’efficacité de tous ces gens sont impressionnantes.

Avant de quitter Kagkot, nous passons la matinée à l’école pour prendre des phots de chaque classe et des enfants venus des villages voisins (13 au total) pour d’éventuels parrainages (décision du dernier CA)

 

 

 

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Suite de notre voyage au Dolpo.

Notre voyage se poursuit : nous rejoignons le confluent de la Barbung et de la Tarap et remontons celle-ci jusqu’à Dho (en 3 jours et demi). Visite de la large vallée où se trouvent Dho et d’autres villages, entre 4000 et 4200m. En compagnie de Kedar, nous faisons connaissance avec Cristal Mountain School (CMS), financée par Action Dolpo. Les 144 écoliers portent ici comme uniforme la tenue tibétaine traditionnelle, la chuba. Certains sont pensionnaires, d’autres font un trajet de plus d’une heure et apportent leur repas de midi. L’école assure des cours jusqu’à la classe 5, les enfants peuvent ensuite continuer à Kathmandu, en logeant à Snow Leopard Residence (également financée par Action Dolpo). Partout dans la vallée, les habitants ont construit des serres où ils font pousser quelques légumes et où ils peuvent se tenir au chaud l’hiver. L’idée vient de CMS où la construction d’un bâtiment bioclimatique a permis de faire des serres et, depuis cette année, d’assurer la scolarité, pour les plus grands, pendant l’hiver.

Après ces deux semaines passées entre 3 et 4000m, le passage des 2 cols à 5300 et 5200m peut se faire sans difficultés. Leur accès restait cependant incertain à cause de l’enneigement dont personne ne pouvait donner de véritable renseignement. En réalité, nous n’avons eu que de petits névés à franchir, seul le dernier un peu plus raide a causé quelques problèmes aux mules qui ont dû faire un détour.

 

IMGP3486L’arrivée au fameux lac de Phuksumdo, à l’incroyable couleur d’un bleu profond bordé de vert lagune est aussi un moment fort du voyage. Le village de Ringmo, au bord de son déversoir, nous surprend : l’école (où se trouve le téléphone satellitaire) ne compte que 9 enfants inscrits. Ce jour là, il n’y en a que 3 présents, dont 2 sont les fils de l’instituteur (en poste depuis 22 ans !) qui se prélasse au soleil en remplissant son registre de présence ( !). Mais où sont les enfants du village ? Il n’y en a pas autour des maisons, ni dans les champs où les adultes travaillent, ni avec les troupeaux de dzos2 ou de chèvres conduits par des femmes.

La réponse viendra à 4 h de marche de là, en redescendant. Une nuée d’enfants, sous la conduite d’un moine, est en train de nettoyer les abords d’un grand bâtiment qui se trouve être un monastère Bön. Comme à Dolanji les jours de grand nettoyage ! Certains enfants ont même le médaillon avec la photo du Abbot. Il y a ici tous les enfants des villages alentours, 172 nous dit-on. Ils sont sponsorisés par des Américains et des Suisses, mais les familles doivent aussi participer financièrement.

                         Retour à Katmandou

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                le temple de pashupatinath  à Katmandou

Le retour à Kathmandu s’avère plus difficile que prévu, l’avion étant au rendez-vous à Juphal avec 24h de retard. Mais déjà les visages de nos compagnons se ferment. La télé annonce que les maoïstes ont décrété une grève générale illimitée, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de moyen de transport pour ceux qui devaient rentrer de Nepalgang à Kathmandu en bus (le cuisinier et les 3  aides). Et Kathmandu, d’habitude si embouteillée, bruyante et polluée est transformée en rue piétonne. Seuls ont le droit de circuler les ambulances et les bus qui amènent les touristes de l’aéroport à Thamel, le quartier des hôtels où ils ont la consigne de ne pas bouger à cause des débordements possibles lors des manifs ! Les Népalais marchent ou font du vélo. Tous les commerces sont fermés, ils ne peuvent ouvrir que de 18 à 20 heures. Et ceux qui se risquent à défier les maos sont sévèrement pris à parti, voire tabassés. Il faudra attendre 6 jours pour qu’une contre manifestation s’organise et que, sous la pression aussi étrangère (Inde, ONU), les maos cessent leur mouvement sans avoir rien obtenu sur le plan politique.

Cela contrarie nos plans : nous ne pourrons pas rencontrer Thupten qui se trouve à Pokhara et part la semaine prochaine à Dhorpatan, ni Phurbu également coincé.

Mais nous irons cependant à Bodnath, en compagnie de Takla et de son ami Samdé, le fils de notre guide Lakpa, et nous profiterons des heures d’ouverture pour faire des achats d’objets à revendre au profit de l’association. Nous rencontrerons Loday, qui nous fera visiter Snow Leopard Residence où logent 30 étudiants de Dho et me remet les reçus (Loday est le trésorier de Vision Dolpo où nous envoyons les fonds pour Kagkot)

 

                   Les étudiants

 Takla                        Takla

25 ans, 2ème année de tourisme. Il a bien forci depuis deux ans et semble en bonne santé. Nous avons toujours un peu de mal à le comprendre, même s’il a fait quelques progrès en anglais. Il a encore un an à faire pour obtenir le diplôme « intermédiaire » mais il semblerait qu’il aimerait continuer pour devenir guide. Nous lui disons que ce ne sera pas à nous de le prendre alors en charge. Il faudra qu’il trouve du travail avec son premier diplôme ce qu’il semble comprendre. Nous lui donnons 100€ pour couvrir les frais de son stage (obligatoire), il nous remet reçu et factures.


Yundrung

          Yundrung Tengyal

26 ans, originaire de Dhorpatan et ancien de Dolanji, Yundrung poursuit son apprentissage
de peintre de Tangkas6. Il est en 2ème année, il y en a 5. Il est retourné à Dolanji en avril pour
renouveler sa carte de réfugié tibétain (il n’a pas la nationalité népalaise, ses parents étant
des réfugiés). Il étudie à temps complet au monastère Bön, avec 3 autres élèves sous la
direction d’un professeur. Il vit donc dans un camp tibétain, dispose d’une chambre et d’une
cuisine, pour 3000Rs/mois. Takla va chez lui pour laver son linge, car il n’a pas comme lui de
problèmes d’eau. Yundrung semble heureux de son sort et projette d’ouvrir une école de
tangkas à Dhorpatan ! Il fait aussi d’autres sortes de peintures et il est d’accord pour nous
préparer des maquettes pour des cartes postales.

Phurbu : pas de rencontre possible en raison de la grève dans les transports.

 

Autres anciens de Dolanji rencontrés :

Tenpa

Tenpa, 22 ans, est en 1ère année dans la même école que Takla. Originaire d’Humla, il a fini sa scolarité sur la frontière Inde/ Népal, à Berawa.

Sonam Wangmo (parrainée par Jean) travaille comme serveuse au Dragon Guest House.

 

1 Le nom de famille « Gurung » se rapporte en réalité à une ethnie Gurung qui n’a rien à voir avec les populations du Dolpo mais a été attribué arbitrairement par le gouvernement népalais lors d’un recensement.

2 Hybride de yack (mâle) et de vache

3 Peintures bouddhistes traditionnelles, en général sur tissu..