Compte rendu de la visite de Buddha Smile School et des étudiants tibétains de Dolanji à Sarnath  en  novembre  2008

Nous arrivons au moment des examens du 1er semestre (fin octobre, début novembre /le 2ème série de tests se fait fin avril,début mai) après les fêtes de Diwalli ; nous restons des observatrices discrètes pour ne pas déranger, malgré un accueil chaleureux de la part de Rajan et de son frère Jagdish. Les professeurs parlent très peu anglais, elles enseignent en hindi et je communique peu avec elles sinon par sourires et namasté.Les classes étant ouvertes, je demande à Rajan de prévenir que ma présence -et celle de ma soeur- est simplement amicale et n’a pas de motivation de contrôle sur leur pédagogie mais d’observation et de découverte.C’est une école privée, Rajan construit entièrement le programme et la progression de toutes les classes, me dit ne pas suivre les programmes académiques indiens car les enfants ont plus de difficultés, sont plus lents et n’ont pas d’encouragement parental.Elle est particulièrement vigilante aux progrès de chacun et prend la place du professeur si celui-ci ne fait pas progresser ses élèves suffisamment.Chaque jour une pensée est écrite sur les tableaux ex : « true love is the gift of God ».

la journée commence ,style britannique ,par une prière puis une chanson « we shall overcome (nous surmonterons nos difficultés)  de Joan Baez, chantée au micro par Rajan accompagnée de tous les enfants puis l’hymne national indien .En bas les 4 classes entendent les chants grâce à un haut-parleur.Rajan restent au 1er étage en face des 4 classes des plus jeunes.Parfois un ou plusieurs enfants viennent chanter au micro à ses côtés.A la fin des examens et à la remise des résultats ,des petits ont dansé ,beaucoup de joie et de fierté partagées, remise d’un petit ballon à chacun ( cadeau publicitaire).
Nous avons participé à la journée de l’enfant, le 14 novembre, chant et danses des plus petits, décorations dans les classes et distribution de bonbons comme chaque jour.

Jagdish (sa famille, femme et enfants habitent à Kolkata), est « Principal » de l’école, surveillant général, superviseur, présence masculine utile parmi le personnel majoritairement féminin.Il est également professeur d’électronique dans l’école, travaux pratiques et construction de pièces détachées .Il s’occupe de l’administration avec Rajan, des emplois du temps , supervise les cours et la discipline.

Il y a 8 professeurs 6 plus 2 et un extra en cas d’absence de l’un d’eux.Il y a 8 classes ; les enseignants tournent dans chaque classe toutes les demi-heure, en fonction de leurs compétences et sont chacun responsable d’une classe ;
La nursery (à partir de 3 ans), LKG 1(lower kindergarden) entre 4 et 6 ans, UKG2 (upper kindergarden) 6 ans,
class I, II, III, IV et V.

Horaires : l’hiver de 8 à 13 heures, lunch à 10 heures.En décembre et Janvier de 8.30 à 13.3O ou parfois à 9 heures à cause du brouillard
L’été de 7.30 à 12.30, lunch à 9.40.
Pendant les examens : de 8 à 11 heures avec le déjeuner à 11heures.

La classe de 6ème : ils sont 9 garçons et 5 filles ,ils viennent le matin au BSS « pointer » puis partent en bus à leur collège ;cours de 9.30 à 16h ;ils reviennent au BSS et ont une heure de soutien de 16h30 à 17h30 ;un petit groupe joyeux et dynamique, motivé et doué pour les études.un garçon est très bon en sport et Rajan cherche une section « sport études »pour lui ;Les filles travaillent toutes après la classe, servante dans une famille ou fabrication de mala et bracelets ou ménage chez elles .Problèmes familiaux importants pour la plupart,filles battues,discrémination sexiste etc.

 

Nous abordons le problème de l’extension de l’école ; un terrain serait disponible à côté de l’école, il appartient à 5 frères ; Sukdev, le mari de Rajan, est en pourparler avec eux ; il serait très cher.Rajan espère une solution d’ici 5ans.
Elle aimerait une petite pièce pour en faire son bureau ; elle parle d’une pièce sous le restaurant de son mari, qu’elle aimerait utiliser comme salle pour l’assemblée du matin, les prières et des petits groupes de travail indépendants.

Devant l’état d’hygiène des plus petits surtout, à leur arrivée le matin, et vu le grand évier dans la cour construit cet été avec 4 robinets, je suggère la pose de bouteille de savon liquide pour que les enfants se lavent au moins les mains avant d’entrer en classe.Rajan me dit qu’elle va y réfléchir et en parler à son équipe.
.Tous les professeurs ont été d’accord pour que les enfants apprennent l’hygiène des mains,l’eau ne suffit pas .Elles ont suggéré de faire laver les mains avant le déjeuner de leur classe,classe par classe ,et de surveiller ainsi l’utilisation du savon et la bonne marche de la manœuvre . A Monique de vérifier en Février.

 

Le verre de lait sucré :le prix du lait a augmenté ,il est à 20 roupies le litre ;je me suis renseignée à Delhi, confirmation, et jusqu’à 25 roupies le litre selon la saison.Je payais 5 roupies parfois 2 roupies le thé au lait dans un verre dans les gargottes .Sukdev me dit que c’est alors du lait en poudre, chimique et que les gargottes n’ont pas les frais ni les taxes qu’il a à payer dans son restaurant en plus des bonbonnes de gaz avec abonnements (souvenir de Dolanji…).Je suggère un verre de lait chaud sucré les 3 ou 4 mois d’hiver ,ils sont d’accord et au prix de 7 roupies le verre .A nous de décider.Je n’ai pas suggéré de biscuit.Rajan pense que ce serait bien au moins pour novembre, décembre ,janvier, février et aiderait les enfants à se concentrer en classe.

Sukdev nous demande également d’augmenter le repas des enfants, .Les repas qui sont servis sont des « thalis », assiette copieuse, riz, dal, petits légumes et chapati,plus morceaux de fruits frais chaque jour,pas d’œufs ni viande.

Céline et Laetitia : nous avons été contentes de les rencontrer (surtout ma sœur pour parler français !) et de souvent partager, de profiter de leurs connaissances de Varanasi également. Elles sont arrivées à une période peu propice à un travail régulier à l’école : fêtes de Diwali puis examens de fin de 1er semestre, pendant ces congés elles ont voyagé : Agra, Darjeeling et Kolkata chez le frère de Rajan mais globalement se sont ennuyées pendant leur stage au BSS.Rajan a été très dévouée lors de l’hospitalisation de Céline.Les débuts ont été assez difficiles

Elles ont pu au début faire quelques essais d’initiatives personnelles en petits groupes dans la petite section mais pas souvent ;

elles n’ont pu communiquer avec les professeurs qui ne parlent qu’hindi et leur présence selon elles n’a pas été bien acceptée par les professeurs.Une expérience à nuancer donc malgré l’enrichissement personnel important et la validation d’un stage obligatoire original pendant leur 2ème année de formation d’éducatrice spécialisée.

Discipline : beaucoup d’amour et d’écoute de la part de Rajan envers les enfants, de fréquents gestes de tendresse et des caresses ; ils lui racontent leur problèmes familiaux et elle intervient dans les familles quand il y a menace de vente à un étranger -cas assez courant- coups et maltraitances de toutes sortes.Rajan joue un rôle important d’assistante sociale auprès des parents et leur rend visite souvent pour insister sur la nécessité de scolariser leurs enfants.

La « nursery » petite classe de maternelle :les enfants, sales et endormis sont tenus de rester assis, de ne pas bouger ni parler, le doigt sur la bouche comme le montre la maîtresse, peu de créativité personnelle vu le manque de place et de moyens.A la pause des professeurs, les plus grands surveillent les plus petits, les coups tombent souvent pour maintenir le calme ;les enfants n’ont pas de cour de récréation et doivent sans cesse rester calmes ;les professeurs tapent également les enfants, une tape sur la tête et le visage.

Camp d’été : c’est une grande fierté pour Rajan, ce premier prix pour le spectacle donné par 22 enfants de l’école ; nous avons vu des photos et il y a un CD réalisé dont un pour l’Arche de Dolanji, que je n’ai pas eu finalement ; oubli de ma part. Rajan a été formée aux méthodes de Maria Montessori et voudrait les appliquer davantage au BSS mais pour l’instant il y a manque de moyens et de place.

 

Besoins et souhaits :Rajan aimerait avoir les moyens financiers de sortir les enfants ;
-un pique nique une fois par an au moins pour les 220 enfnats ,une à deux classe à la fois .
-les emmener voir un magicien célèbre O.P Sharma, à Varanasi ,classe par classe à la fin de la période d’examen
-elle aimerait emmener les grandes classes voir un film « pédagogique »sur grand écran ;ils ne sont pas sur DVD

Pour le prix de la Compassion qui leur sera remis à San Fransisco en Avril,Rajan et Sukdev sont terrifiés à l’idée de prendre l’avion.Ils espèrent être accompagnés de Dana et John de l’association Amistad
Leurs 2 filles Daisy 12 ans et Rosy 7 ans vont dans la même école privée,assez loin de Sarnath ,Travail consciencieux et dévoué de la part de Rajan,qui s’investit énormément auprès de ces enfants défavorisés,contrôle tout avec sérieux,tient les comptes et s’occupe de ses 2 enfants .

 

Etudiants de Dolanji au Tibetan Institute de Sarnath

 

En Avril 2008, 8 élèves de Dolanji ont été sollicités sur leurs résultats scolaires pour passer le concours d’entrée à Sarnath ;7 y sont allés -une étant malade- 4 ont réussi :Yundrung wangchuk,Pema Dawa,Dechen Tsomo(girl) et Tseten Rangshar(boy) .D’après Pema Dawa, à leur départ, le bureau monastique leur a donné 3000 roupies à chacun ;tout a été dépensé en vêtements, chaussures produits d’hygiène etc. Ils ont été heureux de recevoir l’argent de l’Arche de Dolanji et nous remercient beaucoup. Le moine de la Guest house de Dolanji Dundrunp a donné à certains une valise, des chaussures …que les visiteurs laissent en partant.Ughen me dit que les étudiants reçoivent de l‘argent de l’institut Bön de Sarnath, envoyé par Nyima Tsering ,1200 roupies 2 fois par an, à chaque examen.L’argent est déposé à la banque par le directeur des études de l’institut, qui leur donne pour les examens d’hiver et d’été. J’ai essayé d’insister d’en savoir plus mais c’était délicat.

Pema Dawa et d’autres jeunes me disent qu’ils sont heureux ici, plus indépendants, autonomes et sont motivés pour leurs études dans un cadre agréable ; ils ont plus de facilités : bibliothèque, Internet et de bonnes conditions de travail, en petits groupes ; ils souffrent seulement de la chaleur.

La maman de Pema Dawa est venu le voir au printemps 2007 à Dolanji, après 9 ans de séparation ; elle souhaite que son fils devienne moine ;le Abbot préfère que Pema Dawa étudie et choisisse de devenir moine plus tard s’il le souhaite .

 

Ughen a beaucoup changé, elle est joyeuse-je l’ai connue timide et réservée- parle beaucoup, rit aux éclats et étudie beaucoup ;elle m’a fait visiter sa chambre, qu’elle partage avec une amie ;malgré la période de révisions ,nous l’avons vue souvent seule ou avec le groupe :procession à Sarnath, visite du temple de Bouddha sous le Bodhi tree,visite des reliques de Boudha le soir de la pleine lune, après-midi dans le parc , et 2 après-midi dans notre chambre, une pour fêter le départ de Cécile et Laetitia ,l’autre pour fêter notre départ ;chants et danses tibétaines ,joie et rires, . Bons moments d’échange et de d’affection.

Ughen nous dit être la seule de sa famille à étudier, à vivre en Inde et a conscience de sa chance .En juillet 2009, elle passera l’examen d’entrée en médecine tibétaine et continuera ses études 5ans .
Ughen passe ses examens en décembre et partira vers le 9 à Katmandou,-pour 10 jours- prix du bus environ 700 roupies, rejoindre sa sœur aînée qui y sera pour inscrire leur plus jeune frère dans une école de KTM.Elle n’a pas le temps d’aller dans son village .Elle portera à Takla les vêtements que j’avais emportés pour lui expédier ; ce sera l’occasion d’avoir des nouvelles de Takla par son intermédiaire.
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Une journée -type :

5.30 am :lever et toilette
6h : yoga ou méditation et prières sur la terrasse/leçons à apprendre
7h : petit déjeuner
8h : cours prières Bön
8h45-12.45 : tibétain, anglais, sanscrit, religion Bön, économie selon les sections
1pm : déjeuner
2pm : une heure de repos
14.30-16.30 : étude à la bibliothèque
16.30 à 17.30 : sport, basket-ball ou football, promenade
17.30 à 19h études des cours « memorising »
19h dîner et retour au dortoir à 20h
les sorties ne sont autorisées que jusqu’à20h pour les garçons ,18h pour les files ;1er retard 50 roupies d’amende,2ème retard 200 roupies ,3ème retard ils sont exclus de l’institut.
Après le repas, étude dans leur chambre et coucher vers 22h.
Ils sont libres de sortir le samedi après- midi, cinéma 5roupies ou promenade entre eux, ou temple de sarnath.
Le dimanche matin les nouveaux en classe 9 ont des cours de soutien, de sanscrit.

 

Martine
Le 3 décembre 2008